dimanche 15 août 2010

Quels choix pour les formateurs du jeu d'échecs ? des dangers en perspective

Je vais reprendre une lettre (publique) de Lyon Olympique Echecs de janvier 2010.

Le sous-titre est : Les Echecs se transforment en Succès (les majuscules sont dans le texte). "De belles opportunités de développement pour le jeu d' Echecs en France et dans la région Rhônes-Alpes s'offrent à nous". Tout un programme ! Serait-ce la révolution dans le monde du jeu d'échecs ?

Je reprends encore une partie du texte " Le ministère de la Jeunesse et des Sports a initié une démarche nationale de développement de tous les sports dans les collèges dans le cadre d'un dispositif intitulé l'Accompagnement Educatif.Il a donc demandé à toutes les associations sportives de se mobiliser pour mandater des animateurs dans les collèges pour organiser tout au long de l'année scolaire des ateliers de formation d'accompagnement des collégiens".

Le principe est d'intervenir dans les moments de temps libre des enfants entre 12h et 14h et 16h-18h.

En janvier 2010, 90 collèges et une centaine d'autres établissements, lycées, écoles élémentaires et maternelles sont concernés sur le seul département du Rhône. En plus de ses 4 permanents au club, le club de Lyon a recruté 21 nouveaux animateurs en CDD de 6 à 9 mois rémunéré au SMIC à 20 heures par semaine. Certains sont aussi à 24 heures ou 35 heures par semaine et quelques uns accrochent un Contrat à Durée Indéterminée (CDI).


Voilà pour le récapitulatif qui est un peu long mais qui personnellement me fait un peu froid dans le dos.
Ce "Succès", ces "belles opportunités de développement" vont être reprises comme nous allons le voir plus tard par la Fédération Française des échecs. Or sur quoi reposent-elles ? Sur une politique d' accompagnement scolaire qui débloque des fonds pour des activités extra-scolaires. Rien de très nouveau puisque les établissements scolaires ont toujours eu des fonds pour ce type d'activités et que en général on souffre plus du manque d'intervenants que du manque de propositions.

On peut répondre que cette fois-ci, c'est organisé de façon massive et plus importante.
Prenons les chiffres officiels :
  • 22 944 intervenants, dont 73,1 % d'enseignants, à l'école élémentaire
  • 113 057 intervenants, dont 60 % d'enseignants, au collège
    et on s'aperçoit rapidement que cette politique n'est pas spécialement faîte pour créer de l'emploi au sein des fédérations sportives mais que l'on propose d'abord les heures aux enseignants et on complète ensuite. Donc baser une politique de développement du jeu d'échecs me semble périlleux et même doublement lorsque l'on sait qu'à chaque changement de ministère tout est remis en question.

Prenons ensuite la politique de création d'emplois : 4 permanents au club de Lyon qui semble correspondre a la demande et donc des emplois stables qui ne devraient pas péricliter de sitôt. Mais que penser des CDD, des smic à 20h, voire 35 heures ? 

Première chose, comme nous venons de le voir,ils sont sur un siège éjectable. 
Deuxième chose, nous assistons a une véritable paupérisation de la profession. Il faut bien avoir conscience que ce type d'emplois est basé sur du travail hors du temps scolaire. Donc pendant le temps scolaire, impossibilité de travailler. Cela donne des emplois du temps hétéroclites, difficiles à vivre avec beaucoup d'attente, de temps perdu. Du fait du peu nombre d'heures qu'il est possible de faire, il est impossible de les vendre au SMIC. Ce sont des heures à forte valeur ajoutée (nous apportons un vrai savoir) qu'il faut se faire payer à ce titre.

Et le type de développement que l'on nous propose c'est tout de même ça, du travail assimilé à celui de surveillant. Il ne peut pas attirer des personnes compétentes et motivées en quête de rémunération correcte et de stabilité.Il attire des personnes en transit ou qui font ce travail par défaut.

Pour finir, de nombreux établissements scolaires reconnaissent la valeur de notre travail et sont prêts à payer le prix de sa valeur. Cette politique risque de détruire notre image au profit du pas chére. C'est inquiétant et je crains que le "Succès" ne se transforme en désastre en termes d'image et de développement et surtout en termes humain. Que vont devenir, en cas de problèmes probables, ceux qui auront cru à ces "belles opportunités".

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